Le soleil qui filtrait au travers des vieux rideaux de la chambre de Nathanael se chargea de le réveiller de ses songes. Le jeune homme émergea difficilement, la tête encore embrumée et parsemée d'images qu'il percevait la nuit. Des images qu'il aurait préféré oublier mais qui le hantait sans cesse. Il constata rapidement que sa nuit avait du être turbulente aux vues de l'état de sa chambre qui semblait avoir été dévastée par un cyclone. Nul doute que sa capacité qui faisait de lui un mutant avait du se déclencher d'elle même pendant son sommeil, transformant le corps de l'américain en particules électriques sous forme de courant, lui permettant de se déplacer pratiquement instantanément sur des distances impressionnantes. Mais tout ce que retint Nathanael fut qu'il était toujours dans sa chambre à son réveil, et c'était loin pour lui d'être une mauvaise chose.
Le jeune homme avança d'un pas lourd jusqu'à sa fenêtre où il écarta les rideaux pour dévoiler la vue du parc de Blackstone. Le soleil inondait l'ensemble de l'établissement de son halo doré, et Nathanael dut avouer que la vue du ciel azur lui avait manqué. Curieusement motivé pour sortir de son antre, il quitta rapidement d'un pas lourd sa chambre pour rejoindre les douches. Il parvenait de mieux en mieux à supporter la torture que cet instant représentait pour lui, et sortit de sa cabine avec une moue moins prononcée qu'à l'usuel. Il se hâta de s'habiller et atteignit plus tôt qu'il ne l'aurait cru l'aile droite, qui donnait sur la cour, elle même bordée par le parc. Poussant d'un coup d'épaule l'un des battants de bois, il quitta le refuge frais des couloirs pour pénétrer la chaleur d'été qui régnait en maître sur l'extérieur.
L'ensemble de l'établissement semblait avoir eu la même idée que lui même et devait s'être rué à l'extérieur, car la pelouse du parc était ponctuée de tâches sombres qu'étaient étudiants et professeurs de Blackstone. Nathanael qui n'appréciait pas plus que ça la morsure lancinante du soleil prit couvert à l'ombre des façades de la cour, qu'il longea jusqu'à son extrémité. Ainsi, il s'assit tranquillement contre la façade, coté parc.
Et puis il jeta un regard aux groupes d'amis qui discutaient joyeusement. L'américain n'avait jamais été friand de compagnie, mais il devait avouer que la solitude constante de sa vie actuelle lui pesait tout de même. Depuis quand n'avait il pas ri simplement avec des personnes qu'il aurait pu décemment qualifier d'amis? Il ne parvenait plus même à s'en souvenir. Cela faisait maintenant un moment qu'il était arrivé à Blackstone, et s'il avait eu l'occasion de converser avec quelques personnes, il n'avait été proche de personne. Tout ce qu'il pouvait assimiler à une relation avec autrui était celle qu'il entretenait avec Victoria, à qui il enseignait des cours de guitare.
Mais il ne pouvait en être autrement. S'il approchait de trop près quelqu'un, s'il perdait le contrôle de son don... Il préférait ne pas penser aux conséquences. Même Blackstone ne serait plus un refuge.
Sans même en avoir été conscient, il avait joint ses mains, que parcouraient maintenant de nombreux filins électriques qui venaient mourir au bout de ses bras avant de reparaître du bout de ses doigts. Il se concentra un instant et remarqua qu'il pouvait sensiblement mouvoir à sa volonté les filins. Pour leur donner des formes. Il ferma les yeux et pensa fortement à une image qu'il se dessinait derrière ses paupières. Alors que quelqu'un approchait dans sa direction à son insu, le ballet électrique dévoilait l'image mal animée d'un enfant qui court avec d'autres enfants.
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